Destinée ?

Suis-je destinée à être incomprise, à contrarier les médecins ? C’est une juste question que je me pose.

Parmi mes déboires avec le corps médical, il me revient en tête le souvenir de l’opération d’une vilaine verrue plantaire. 10 ans, en CM2 j’avais une verrue sous le pied de la taille d’une pièce de 2 Frs. Brûlée à plusieurs reprises à l’azote (je me souviens avoir été courageuse la première fois, après c’était déjà plus difficile, vous vous souvenez, la douleur induite par le corps médical?) la verrue faisait de la résistance. Celles des mains étaient parties en allant à la mer. Celle-ci allait devoir passer au bistouri.

Mes parents prennent donc rendez-vous avec un médecin de famille, vieux chirurgien ami de mes grands-parents. Ils m’emmènent tous les deux pour l’opération, mon père avait même dû prendre sa demi-journée pour le coup (ce qui fut rare). Ils entrent dans la salle d’attente alors que je suis le chirurgien pour la salle d’opération. Il me fait allonger sur le ventre et prépare ses instruments.

Je me souviens avoir été au courant qu’il allait anesthésier en piquant d’abord autour de la verrue, puis au coeur une fois qu’elle serait un peu endormie. Ensuite il brulerait la verrue au laser et retirerait le tour au bistouri.

Les premières piqûres font mal mais je suis un vrai garçon manqué et ma fierté m’empêche de me plaindre. je reste silencieuse, après tout je ne devrai plus rien sentir d’ici peu.

Piqûre au coeur de la verrue. Horreur. Atroce souffrance qui s’empare de mon pied alors qu’un cri de douleur s’échappe de mes lèvres. Le chirurgien me dit de me calmer et que ça ne doit pas faire mal. Je me tais.

Quelques minutes plus tard, il commence à brûler la verrue. De nouveau, mon corps tout entier se crispe, je sens clairement que ça brûle. Pourtant il est dans mon dos et je ne vois pas ce qu’il fait mais je le sent parfaitement bien. Ce souvenir est d’ailleurs encore frais dans ma mémoire, plus de 15 ans plus tard.  Il rouspète et me dit de me taire et que je fais du cinéma. Mais la douleur continue. La torture dure comme ça pendant de très longues et fastidieuses minutes pendant lesquelles je crie et appelle mes parents. Je me souviens d’ailleurs qu’ils ont rapporté que les gens se regardaient tous dans la salle d’attente avec des yeux étonnés. Bref, je me souviens parfaitement bien de ce médecin qui pestait contre cette gamine qui hurlait comme un cochon qu’on égorge alors qu’elle devait être anesthésiée.

Épreuve traumatisante, mes parents couverts de honte me grondent en sortant de la salle. J’essuie mes larmes. Au sortir de la clinique, je sens mon pied s’engourdir, bizarrement. J’ai eu le droit d’aller au restaurant chinois!

A propos Orryane

Pleine de bobos mais plus passive, j'ai décidé de mettre en ligne mes expériences, puissent-elles servir à d'autres dans le même cas que moi...
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